Un discours solide parle de lui-même



"Quand  un discours est solide, il parle de lui-même. Il n’a pas besoin d’artifice".


Ousmane Sonko : un homme politique à la réputation solide, un discours sobre et simple, une belle exécution. Tous les ingrédients pour une intervention réussie, mais un petit couac.


En tant qu’analyste, je ne me prononce pas sur le contenu du discours. De surcroit, je n’ai pas les éléments de preuves que Mr. Sonko aurait, donc ce que je souligne dans cet article ne valide ni n’invalide ses propos. Il est ici pour moi question d’apprécier l'exécution d’une allocution, d'une performance oratoire.


Lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre, à l’Assemblée nationale, Mr. Sonko, le leader du parti politique Pastef, a servi un discours percutant.


Il n’a pas tenté  de donner à ses propos un poids supplémentaire. En wolof,  n’est-il  pas dit que saaga yakkamtee xeex la? (Ne hausse le ton que celui  qui manque d’arguments). Il a tenu un discours simple et clair.  Une hargne verbale aurait suscité d'habituelles tentatives de perturbation de membres l’audience. Ceci lui a valu une attention peu  commune dans ce cadre-ci.


En communication, il est bien connu qu’il ne faut pas ajouter d’artifices à un discours  qui a déjà assez de substance sur le plan du contenu. Mais il est aussi un fait bien connu qu’il faut s’effacer devant des propos forts pour ne pas tendre la perche qui livre une brèche à un interlocuteur mal en point.


L'image de Mr. Sonko (le président, un lion qui dort ; un Pm qui danse le mbarass[1]) est assez intéressante. Mais il est dommage qu’elle ne soit pas bien placée dans son allocution. En effet, en la mettant à la fin de son intervention, il a fourni une sortie inespérée à un Premier ministre saisi qui a réagi avec un rire (jaune ?).

Cette image a donné matière à distraction à la majorité de l’Assemblée.

Une liesse insouciante  qui conclut des propos si alarmants...


Cette hilarité (qui n’enlève d'ailleurs rien à la valeur des propos de Mr. Sonko) est préoccupant, désolant et particulièrement inquiétant….



Dalla Malé Fofana PhD
Chargé de cours
Analyse du discours, linguistique et éducation
Université de Sherbrooke



[1] même si le sens de la deuxième partie de cette parabole m’échappe

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