La crise du discours
Le citoyen ne croit plus au
discours (politique). Mais ce n’est pas qu’au Sénégal, ce n’est pas que
maintenant que cela se constate. En effet, de Socrate à Perelman, avec la
Nouvelle Rhétorique, jusqu’à Amossy (théorie de l’argumentation), les analystes
du discours sont arrivés à la conclusion que :
- pour se laisser convaincre, le public se base plus sur celui qui parle que sur ce qu’il dit;
- pour convaincre, les actes doivent se conformer aux paroles.
- pour se laisser convaincre, le public se base plus sur celui qui parle que sur ce qu’il dit;
- pour convaincre, les actes doivent se conformer aux paroles.
Une absence de cohérence dans le triangle
entre Mot/Locuteur/Acte constitue
en soi une menace au projet de société qui doit se construire autour d'un pacte
social.
Nous allons observer cette
problématique dans une perspective d’analyse du discours au sens élargi, en
convoquant mes domaines de prédilection : la linguistique, le discours
politique, religieux et didactique (avec un détour en biologie et chimie). N’est-ce
pas en multipliant les perspectives qu’un enfant retient un mot? C’est en l’observant
depuis plusieurs points de vue qu’il est possible de réaliser la forme d’un
objet en 3D.
Notre corps nous l’enseigne, l’ouïe
(l’oreille) est l’organe de l’équilibre. Le mal de mer ou de terre se produit, quand nous
sommes en mouvement. Quand nous regardons un objet fixe, figé (on lit, par
exemple) et que notre ouïe enregistre un mouvement. Cette contradiction tend à
nous perturber biologiquement.
Jean Jaurès signale qu’« on n'enseigne pas ce que
l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner
que ce que l'on est ». Les enseignants qui ont eu le plus d’impact sur nous
ont généralement réalisé cela grâce à ce qu’ils sont plus qu'à ce qu’ils disent. Ils peuvent certes avoir de la connaissance
mais nous avons tendance à ne voir leurs enseignements sous le meilleur angle,
que parce que nous apprécions la personne. Vous
hésiteriez à boire votre boisson favorite servie dans un verre poisseux.
Une personnalité politique peut
avoir les meilleures idées, mais l’auditeur ne sait pas si ce qu’elle promet
est plausible, possible et faisable, et si ces idées le sont, le locuteur a-t
’il l’intention de les accomplir? Voici autant de questions difficiles que le
public se pose au point qu’il finit par se
dire « qu’est-ce que je vois de la personne dans ce qu’il dit »?
C’est l’ethos discursif, et/ou
« comment se comporte-t'elle en général, par ces actes »?
C’est l’ethos prédiscursif. L’auditeur va finir par se résigner à s’en remettre
au locuteur pour décider s’il doit croire en ses propos ou pas. Et pourtant,
un individu peut émettre de bons propos qui n’attirent pas l’adhésion du fait
de ses actes précédents. Pour qui offre
une tasse de thé à son invité, savourer la sienne propre avec lui et devant lui est la plus gracieuse des
courtoisies.
Gandhi disait que « vous devez
être le changement que vous voulez voir dans ce monde », autrement dit, il
faut l’incarner. Le terme « incarner » porte encore sa racine latine
« carnis » (pensons à carnivore
ou charnier ou charnel), la chair, la personne. Autrement dit, et j’emprunte ce
terme à la chimie, la personne doit
cristalliser : donner une forme
empirique à ses idées. Dans la civilisation islamique, le prophète de
l’Islam est décrit par son plus fervent disciple comme un Quran « qui marche »,
il a cristallisé en son être le message qu’il transmet. Il en est l’exemple. Et
auparavant, il avait scellé la confiance de ces contemporains en lui, ce qui lui avait valu le surnom: Al Amiine.
Je suis d’accord qu’un auditeur
aurait pu prendre une bonne idée de celui ou celle qui la
prononce indépendamment ce que celui-ci lui inspire par sa personne, mais nous semblons fatalement ne pas avoir la capacité de
dissocier les deux!!
Malé Fofana PhD
ComUnicLang-Bataaxel
https://www.comuniclang.com/
Cabinet de consultation
Cabinet de consultation
Science du langage et communication
Sherbrooke, Québec, Canada
Commentaires
Publier un commentaire