Approche et posture discursive, Moussa Bala Fofana nous soumet à une réflexion profonde
Approche et posture discursive,
Moussa
Bala Fofana nous soumet à une réflexion profonde
Comme
disait Oustaz Alioune Sall, parlant de son arrivée au Conseil économique social
et environnemental, s’il s’est fait remarquer pour sa vision personnelle, où
est la pertinence de taire ces mêmes idées une fois qu’il est fait appel à lui comme conseiller?
Autrement dit, s’il a été fait appel à lui pour ses qualités de carotte, à quoi
bon se transformer en choux une fois dans la soupe?
Le dimanche dernier,
nous avons assisté à une présentation officielle de la déclaration de la
candidature de Mr Moussa Bala Fofana comme député de la diaspora en Amérique du
Nord. La déclaration officielle s’est faite plus tôt dans le mois, mais le passage
à Pikine Diaspora le 19 février en a fait le baptême devant la nation
diasporique. La
question qui s’est profilée durant le
déroulement de l’émission Pikine Diaspora n’est pas un questionnement qui nous est propre, à nous
seulement, citoyens sénégalais.
Est-ce que les mots qu’émet une
personnalité tiennent la route? Si c’est le cas, est-ce que ses idées sont
faisables? Si oui, a-t’ il la volonté de les réaliser? Au bout du compte, qui parle??
Le public tend à questionner
plus l’identité de la personnalité politique et ses valeurs pour retrouver ce
qu’il ne peut déterminer et apprécier dans le fond même du discours qui lui est
proposé et des intentions derrière. Ces questions sont aussi vieilles que le
monde. Dans l’univers du discours
politique, Aristote s’est posé ces questions, suivi par Perlerman et maintenant Amossy. La question qui est-ce qui parle tend à prendre
plus de force que qu’est-ce qu’il dit.
Le citoyen trouve plus reposant de s’assurer si un locuteur est digne confiance,
dès lors cette confiance est la caution pour la validité de ses actes. Ceci est
un couteau à double tranchant. Il permet de déterminer si un dirigeant est de
bonne foi s’il a commis une erreur. Mais si je doute de sa personne ceci annule
toute valeur à ses faits et gestes. Si je doute de sa famille idéologique ceci enlève
toute valeur à ses idées, si plausibles soient-elles.
Mr Fofana prône la
prise de parole consciente. Pourquoi fournir un programme politique que je sais
pertinemment ne pas avoir le statut ni les moyens de dérouler. C’est quoi d’abord
le rôle du député? S’il est question d’idées il en a. Il les a, depuis quelques
années, composées, posées, déposées sur papier, exposées de vive voix. Respecter
le peuple serait de ne pas lancer une idée sans avoir pensé à sa faisabilité. Il
se serait donc assuré de la viabilité de son projet avant de le lancer. Une
candidature indépendante de la diaspora? Avait-on formulé l’idée auparavant? A-t’on
une entité organisée avec des fonds disponibles pour payer les cautions? Ce
serait lancer une idée et courir derrière. Si on s’y met maintenant qui amasse
les fonds et comment? Par appel aux dons? Fera-t’ on appel à un lobby qui
aurait un droit de regard comme la peur qu’une affiliation à une formation
politique puisse avoir le même effet? Le député a-t’il un mandat à exécuter ou
une audience qui cotise, et à qui rendre compte que pour chaque idée soulevée à
l’Assemblée nationale, le député a fait entendre le point de vue commun?
Sommes-nous
des citoyens à part, ou des citoyens à part entière?
Mr Fofana nous
questionne, si les partis fonctionnent bien dans certains pays avancés sauf au Sénégal, est-ce notre manière de les
faire fonctionner, ou le principe du parti politique qui est en jeu? Faut-il se distancer des partis
politiques, ou les réformer, en proposant de nouvelles manières de militer?
Le problème semble ne
pas être Mr Fofana, ni ses idées, ni son idéologie, la Social-Démocratie, mais
le doute qu’une formation politique puisse appliquer une idéologie.
J’ai senti un dilemme
chez les fidèles intervenants et auditeurs de Pikine Diaspora. Voici un homme
dont ils saluent les idées, les interventions et l’intégrité morale, à travers
ses articles ou ces passages à la télévision ou à la radio. Mais son
affiliation à une formation politique fait tiquer. Cela invaliderait-il ses
idées même si celles-ci restent rigoureusement les mêmes qu’auparavant?
Ceci me fait penser à une
réalité malheureusement présente au Sénégal : un fiancé a de bonnes
qualités, et pose de bons gestes, mais au moment de l’engagement, on se rend
compte que son origine pose problème.
La
question est posée à tout le monde, que faire?
Imposer
une candidature de la diaspora, ou faire entendre la voix des candidats
provenant de la diaspora[1]?
Après
la surprise de la démarche militante de Mr Fofana, la question est celle-ci :
faut-il changer la culture du parti, rétablir le culte de l’idéologie au
Sénégal, ou créer des partis indépendants?
Une petite dernière question. Le fait que je porte
le même nom de famille que Mr Moussa Bala Fofana invalide-t’il ma réflexion?
Dalla Malé Fofana PhD
[1] Soulignons
que la question de la légalité du principe même de député de la diaspora est
posée. Ce serait le problème du gouvernement (!?). On verra bien.
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