Un Nouveau Type de discours Politique Sénégalais
Le discours politique sénégalais est
peut-être à des années-lumière de là où
je le vois. Mais Gandhi disait que nous devions être nous-même le
changement que nous voulons voir autour de nous. Dans ce cas, il
faudrait commencer par changer notre manière de dire la politique afin de modifier la manière de faire la politique.
Dans un article précédent, j’écrivais : « Quand vous portez un message à une personne en jugeant
cette personne elle-même, au lieu de juger uniquement ses actes, elle ne vous
écoute plus car touchée dans son estime. Au mieux, elle vous entendra mais, ne
vous suivra pas. Voyez-vous, si un communicateur me convainc que mes actes
sont mauvais, j'ai le sentiment que je peux les redresser, car moi,
je suis encore bon. Par contre, si un
communicateur me fait savoir que je suis mauvais, alors je suis
moins motivé: il est plus facile de rectifier mes actes que de rectifier ma
propre personne […]».
On se retrouve encore dans le flou qui
peut exister entre :
-
le signe linguistique (les mots, l’idée que
j’ai théorisée ci-haut);
- et
son référent encyclopédique (c’est-à-dire leur signification dans la vie
réelle).
Donc,
je vous donne un exemple :
Insulter ou attaquer un individu sur son
physique est un cas extrême que nous sommes tous capables de reconnaître et débusquer. On a entendu « golo wacc’al gaïndé yeek », ou des
attaques sur la calvitie de Wade ou la taille de Diouf. Il est vrai que ceci
est une extension et une déformation du pénc (oralité et humour sénégalais). Mais à partir d’un certain
moment, nous semblons être dans l’infantilisation du peuple. Il est possible d’épicer le fond (contenu) de nos débats par la
virtuosité intellectuelle de notre richesse linguistique, plutôt que dans les ornements de forme.
Mais
voici d’autres exemples de
même nature, mais plus subtils encore, qui empoisonnent souvent nos rapports interactifs
et interactionnels sans qu’on se rende compte :
Comparez :
- « tu es négligent » comparé à
« tu as fait
preuve de négligence (dans cette affaire) ». Notons au passage que les mots incompétent, négligent ou laxiste ont des niveaux d'objectivité ou de subjectivité plus ou moins importants.
- « tu
n’as pas de jugement » comparé à « tu as manqué de jugement (dans ce projet) ».
Voyez-vous une différence entre ces
différents propos? Quel est le choix de mots le
plus constructif, si évidemment, construire, est l’intention de celui qui parle?
Dans les premiers cas, le jugement porte sur le geste posé alors que dans le deuxième
cas, il porte sur la personne elle-même.
En réalité, les hommes
politiques semblent plus parler aux auditeurs, qu’à leurs adversaires. Ils semblent
chacun parler en étant convaincus que cela ne changera pas l'interlocuteur d’un iota.
Ceci est la pire situation dans un dialogue: celle où le locuteur est persuadé que les actes impertinents de son interlocuteur indiquent une incompétence ou un manque de volonté caractérisé de sa part.
Ceci est la pire situation dans un dialogue: celle où le locuteur est persuadé que les actes impertinents de son interlocuteur indiquent une incompétence ou un manque de volonté caractérisé de sa part.
Et si c'était le cas? je veux dire, que cette incompétence est bien vraie?
Mais Serigne Saliou disait « lu gnëp xam lu ci waay
wax mu doy » (il n’est pas besoin d’expliciter une évidence), au risque de donner à l'interlocuteur de quoi riposter.
En traitant autrui d’incompétent, je clos le débat: comme il est incapable (par nature), il ne peut faire mieux, il doit donc partir. Ce raisonnement est simpliste, et manque de profondeur. Pour élever le débat, je commence par qualifier son geste, et je lui donne une chance de se justifier, pour plus de preuves de sa compétence. Ou du contraire!
En traitant autrui d’incompétent, je clos le débat: comme il est incapable (par nature), il ne peut faire mieux, il doit donc partir. Ce raisonnement est simpliste, et manque de profondeur. Pour élever le débat, je commence par qualifier son geste, et je lui donne une chance de se justifier, pour plus de preuves de sa compétence. Ou du contraire!
Il semble plus pertinent d’analyser et d’expliciter les
contours d’un acte posé, et de laisser aux auditeurs le choix d’arriver eux-mêmes
à tirer leurs propres conclusions. De cette façon, ils sont plus convaincus .... dans un contexte où les citoyens ont la maturité intellectuel pour juger les bilans, et ne sont pas liés par un déterminisme économique ou pécuniaire.
Malé Fofana PhD
ComUnicLang-Bataaxel
Cabinet de communication
Sciences du langage et communication
Sherbrooke, Québec, Canada
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