Le Reggea et le Rapp : ethos et discours de contestation



                           L'importance de la cohérence entre le message et le canal

Reprendre le style et le rythme du reggae (ou du rap), 
c'est tirer profit des sacrifices des pionniers qui ont enfourché ce cheval de bataille, 
et l'investir dans son propre combat. 
Martin et Malcolm

Pour illustrer la différence entre le rap et le reggae, je dirai que c'est la différence entre Malcolm X et  Martin Luther King jr..... Malcolm X symbolisant le rap, bien sure.

Livrer un message de contestation à travers le rap ou le reggae n'équivaut pas au fait de délivrer ce même  message à travers un autre canal musical.

Avant d'aller plus loin, je dirai qu'en analyse du discours ou en interprétation tout court, éviter les jugements hâtifs : Ne pas juger Martin Luther King jr., ni Malcom X trop rapidement.

Si Malcolm X avait eu la stabilité familiale de MLK jr., ou son instruction ou une jeunesse plus posée, il aurait certainement agi autrement.

Si MLK jr. était dans né dans le Sud, d’une famille nombreuse, avait obtenu ses diplômes en prison, il aurait probablement agi différemment.

Rap et civilisation

Le racisme qui sévissait dans le sud (des États-unis) était beaucoup plus fort que celui dans le Nord.
Les stratégies de lynchage des noirs avaient atteint des sommets. L’objectif était de frapper les esprits et d’annihiler toutes tentatives de rébellion. Cette barbarie dont je me garderai bien de fournir des détails, a connu des sommets avec David Lynch (il aura marqué l’imagination au point que son nom serve  à désigner le lynchage....)

Pourquoi je vous en parle? Pour expliquer le contexte dans lequel a vécu Malcolm X, le contexte expliquant le rythme un peu trop souvent syncopé du rap. Ses variétés plus ou moins virgulentes (harcore, egotrip .......) sont l'expression d'un cri de douleurs désarticulé à travers lequel, il est possible de saisir un râle d'agonie (pour ceux qui savent écouter) et les stigmates d'un comportement qui porte les traces d'un passé atypique.

Un ethos de combat

Le rap traîne avec lui les séquelles des durs combats de ses précurseurs. Il exprime un message et un état d’esprit autant dans le fond que dans sa forme.
Le reggae  porte avec lui le fardeau de Marley et les séquelles  de Peter Tosh et les prend en charge dans la mémoire sociale et discursive.
C'est la raison pour laquelle Taken Jah n'avait pas approuvé que l'icone Alpha Blondy accepte d'être ambassadeur de l'Unesco, ce qui pouvait potentiellement lui lier les mains, et provoquer de l'auto-censure.
Une alliance entre le parti au pouvoir et des rappeurs a tout l'air  d'une simple aberration.

La cohérence entre la forme et le fond

Les actes passés d'une personnalité politique sont un message aussi forts que ses mots d'aujourd’hui. Ses actes militent pour ou contre lui. Quand je proteste par le rap ou le reggae, bien au-delà du message verbal que j'exprime, ce canal (musical) même est  un message en soi.

Et le regretté Lucky Dube qui a célébré la force du reggae, indique que le message porté doit rester constant, même si la forme pouvait changer. Mais il s'est bien gardé de bouleverser cet héritage formel là.
En effet, en gardant le style et le rythme du reggae (ou du rap), 
il tire profit des sacrifices des pionniers qui ont enfourché ce cheval de bataille, et de l'investir dans son propre combat. 

Malé Fofana PhD

ComUnicLang-Bataaxel
Cabinet de communication
Sciences du langage et communication
Sherbrooke, Québec, Canada


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