Le sport et la métaphore. Beware the Klaw, you're in Jurassic Park



Il a souvent été question d'avoir un esprit sain dans un corps sain.  Mais la manière d'y parvenir n'est pas toujours proposée. Ma solution? La détermination du corps est générée par la force de l'esprit.
"Train de mind the body will follow" (Robert Johns).

Le sport fournit une belle illustration de cette maxime. Mais aussi, dans le domaine idéologique, c'est la croyance indéfectible qui fait marcher le corps au pas!!!
Je profite de l'exploit mental et sportif des Toronto Raptors, en final de la Nba, pour évoquer la fusion de l'esprit et du corps.

Cette force du mental transparaît dans les images convoquées pour parler de la puissance des idéaux portés.
Pourtant, les sportifs sont réputés ne pas avoir une grande richesse lexicale. Ils auraient tendance à rabâcher les mêmes mots, les mêmes expressions....
Peut-être est ce parce qu’ils ont atteint un niveau d’automatisme physique qui déteint, au bout du compte, sur leur parler?
Peut-être, est-ce parce que le moment où le micro leur est tendu, à la suite d'une performance, donne peu de place à la poésie?
Peut-être bien que, plus tard, quand ils écriront leurs mémoires, dans le calme d’une maison de campagne, l’inspiration leur viendra plus naturellement, et ils seront plus éloquents... 
En tout cas, quand ils sont au sommet de leur carrière, au centre des attentions, la société souhaite qu'ils restent muets, et n'exploitent pas cet aura:
(cf.  « shut up and dribble »)

Par contre, chez les journalistes sportifs, l’inspiration semble être au rendez-vous, malgré le fait qu’ils soient obligés de suivre et de commenter à la vitesse du jeu.
C’est peut-être la raison pour laquelle Ablaye Diaw, illustre journaliste sportif sénégalais, rappelle avec humour la réticence de certains de ses collègues à commenter les matchs des malgaches. Leurs noms à plusieurs syllabes sont  difficiles à prononcer!!!

Peut-être est-ce  parce que  le recours à l'imagination, pour les journalistes,  vise à combler la frustration de ne pas être sur le terrain?
Ou est-ce par  devoir commercial, celui de pousser le (télé)spectateur à créer un univers symbolique autour des joueurs. Au point de vendre un match sans enjeux.

Mais qu’en est-il de la passion du jeu? 
Cette inspiration ne peut pas être uniquement commercial.

Dans un match de hockey, un reporter surpris par une remontée inouïe (remontada!!) de l'équipe adverse s’exprime en ces termes: « c’est incroyable! ce qui vient de se passer est un véritable cambriolage. Appelez la police !!»
Un autre domaine où s’exprime cette richesse évocatrice est celui des surnoms.
The bird’s nest, le surnom du terrain des Celtics de Boston, du temps où jouait Larry Bird (bird, oiseau, en anglais). Son équipe était réputée invincible chez elle. Cet endroit était vu (et voulu) comme aussi inaccessible que le nid d’un aigle. Tout adversaire, si redoutable soit-il, y devient vulnérable.
Les surnoms sont tellement répandus qu'un jour a été désigné, dans la Nba, où les joueurs portent sur leur maillot leur surnom, à la place de leur nom. Ces surnoms rappellent un geste ponctuel marquant posé par le joueur en question, ou un trait de caractère plus général.

Cette  métaphore du nid ressemble à celle  de l’antre d'une bête sauvage. D'ailleurs, l'analogie est vite faite en lien avec la forme entièrement couverte des terrains officiels de basketball. Le surnom donné au terrain des Raptors de Toronto est Jurassic Park: le souhait de la vulnérabilité la plus grande pour l'adversaire qui s'y (re)trouve. Nul n’est à l’affût du reptile et de ses griffes (claw, en anglais). Un lien peut être fait avec le surnom de  Kwahi Léonard, la figure-phare de l'équipe. Son surnom, The Klaw, qui lui a pourtant été donné chez les Spurs de San Antonio, son ancienne équipe, est presque prémonitoire chez les Raptors, dont l'emblème est le tyrannosaure, aux griffes emblématiques.
Kwahi semble être à sa place.
Mais va-t-il y rester??

Il a gagné son surnom grâce à la taille de ses mains, mais aussi grâce à ses qualités de défenseurs. Il rejoint un autre défenseur mythique du championnat, Gary Payton, surnommé, lui,  The Glove, le gant...

Les autres sports de sont pas en reste:
- Saut à la perche: Sergueï Bubka,  Le tzar; 
- 200 mètres: Michael Johnson, La locomotive de Waco;
- Hussein Bolt (pour lui, l’éclair, c'est pas un surnom)...

Regardons du côté du football, Yohann Pelé:
 Gardien de but de l'Olympique de Marseille. 1,96 m pour 87 kg.  Pour la longueur de ses bras, en comparaison à l'illustre oiseau des mers, à l’envergure atypique, il est surnommé, « l'albatros », comme le titre du légendaire poème de  Charles  Baudelaire,
une des plus belles métaphores de la langue française. 


Mais. Comment finiront le Raptors?
time will tell....

Malé Fofana PhD

ComUnicLang-Bataaxel
https://www.comuniclang.com/
Cabinet de communication
Sciences du langage et communication
Sherbrooke, Québec, Canada

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