Entre leurres et lueurs, je suis Africain du Sénégal


Freedom is never 
voluntarily given by the oppressor 
it must be demanded 
by the oppressed

Martin  Luther King Jr
Au-delà de maux, merveilles et monts,
vient le moment du saut.  
Après maints pactes posés, 
au temps des actes osés.
Entre le rapport  d'Achille, Membé, 
et le talon d'Achille, Troyen, 
il n'y a qu'un mot. 

Les regards posés sur le 28eme sommet Afrique France me rappellent les divergences de vues portées sur Malcom X et Martin Luther King jr. Ces deux visages sont le recto et le verso, faces opposées, d'une même médaille. Mandela, qui est aujourd'hui applaudi, avait été maudît par ses proches, au début,  car il n'avait pas voulu être radical et vindicatif contre ses bourreaux.  

Ma spiritualité m'enjoint de voir le verre à moitié teint malgré mon âme avide, de justice. Ma science m'interdit de faire de la conjecture. Toujours partir du texte. L'analyse du discours est réfractaire au commentaire. 
Je suis au courant des critiques adressées au forum Afrique France ou France Afrique. Je sais que si la France ne peut contrer une force, elle essaiera de la caresser dans le sens du poil pour le faire dévier de l'intérieur. J'assume la posture spirituelle de Ahmadou Bamba, El Hadji Malik Sy, Cheikh Ahmed Barro Dieguène, Mame Limaamou et tous les autres. 

J'ai appris que "Freedom is never voluntarily given by the oppressor; it must be demanded by the oppressed".  Cette liberté, avec son amère saveur (Birago Diop) n'est jamais volontairement donnée à l'opprimé. Je retiens de mon histoire récente que le tigre ne crie pas sa Tigritude.  Peu importe les mots et les pactes, ce sont les actes qui vont, feront la différence. Mais je, de Mohamed Ali, sais aussi que nommer les choses leur donne une âme, et leur font prendre racine: from the root to fruit.

Je suis conscient, tout geste est politique. Bien sûr que Macron tire profit de la situation pour refaire son image, son éthos prediscursif,  pour ratisser large et récupérer du public jusque chez ses adversaires de l'extrême gauche à l'extrême droite. À nous de tirer aussi notre épingle du jeu. Rien n'est gratuit dans ce monde. La France n'a pas d'amis. Elle n'a que des intérêts.

Quand la communauté noire, des Usa, faisait sa marche historique sur Washington pour l'emploi et la liberté, le 28 aout 1963, sur la place du Lincoln Memorial, les manifestants chantaient "we shall overcome". Une certaine frange de la population trouvait qu'ils étaient un peu trop joyeux, pour une population qui souffre. L'âme noire, bien que le terme noir dans les dictionnaires réfère à la colère, est aussi résiliante et posée, une force tranquille. L'esclave des champs, du Texas, nourrissait des projets d'avenir meilleurs. Il entretenait un espoir infaillible de liberté. Et malgré les morsures du soleil, il entonnait des chants de Gospel et de Spiritual. Les non-initiés n'y verront que de la naïve euphorie. La colère de Malcolm, et le calme de Martin. C'est, cela aussi, l'âme noir.

Nous ne sommes pas naïfs, même si Obama soulignait que la naïveté, la sienne, a été à la source de son volontarisme.  Nous ne sommes pas amnésiques. Nos oreilles bourdonnent encore des textes Blondy, Tiken Jah, Marley ou du regretté Lucky Dube. Dans nos coeurs bourgeonnent les graines semés par Kenyatta, Sankara, Lumbumba,  Nyerere et Cheikh Anta.

Je me réclame plus du pragmatisme de Soyinka. Mais c'est à la lumière de la posture de  Senghor que le grand Woulé a  formulé sa perspective actionnable.     

Je respecte le point de vue de ceux qui observent avec "sceptitude"ce forum, et je préfère me consacrer à mon domaine de compétence. Et quand je porte ma petite loupe à mes yeux, je note les expressions  Africain Sénégalais ou Africain du Sénégal,  Africain Burkinabé ou Africain du Burkina ou de la république de Guinée. Une africanité que réclame la partie nord du continent. 

Si Macron a eu ce qu'il voulait, que nous saisissions cette occasion pour porter notre message, et aller beaucoup plus loin. Ces expressions identitaires doivent être acquises et embrassées de tous et toutes. Le fait de nommer les choses est un premier pas, non négligeable, pour engager, et ancrer nos rails mentaux. En effet, when you train the mind, the body will follow.  

Ce sont des termes qui devraient vivre de leur propre vie. Peut-être faut-il que le Président Ousmane Sonko, comme ses collègues panafricains se saisisse de cette expression pour lui donner plus de force.  Cheikh Bara Ndiaye, borrom def-gis, soutient que l'expression "Fuuta tant pis Tàmpi" (ou Fatou Tant Mieux) n'a pris une nouvelle dimension que quand le leader de Pastef a pris la peine de la prononcer de sa propre bouche. Il faudrait que lui et tout dirigeant sérieux du vieux continent les portent ces titres comme Spike Lee vulgarisa avec brio, le terme "Africain Américain" que Malcom X a soulevé, et que toute une nation emprunta et embrassa malgré les divergences, pour enterrer la terne dénomination de "noir américain".

Je suis Africain Sénégalais ou Africain du Sénégal 

Malé Fofana PhD, 

AuteurConseiller linguistique et communication 

ComUnicLang-Bataaxel

https://www.comuniclang.com/

Sherbrooke, Québec, Canada


Commentaires

Messages les plus consultés