Posture discursive

 

 

Le 9 mai, lors de sa dernière déclaration, le leader de Pastef les Patriotes s'est  montré posé. Quand, comme leader,  on est en agité, vous pouvez donner l'impression que ce dont vous parlez vous fait peur, à vous, autant qu'à ceux à qui vous parlez.

Le Président Sonko s'est astreint à l'essentiel. Il a gardé pour lui ce qui n'est pas du ressort du militant, tout en  rassurant celui-ci. En communication de crise, le message doit être simple. On ne s'embarrasse pas de détails.

Il s'est présenté comme un leader qui n'a pas peur de corriger sa base. Très rarement voit-on un chef politique qui sermone ses militants, de peur de se faire abandonner. Cette peur peut parfois, malheureusement, toucher certains guides spirituels qui n'osent plus rabrouer les disciples. Or quand on ne dit à la base que ce qu'elle veut entendre, le rapport s'inverse. Ce n'est plus le chef qui guide, c'est la base qui dirige.

Il s'est posé comme un chef qui montre ses convictions spirituelles sans trop s'étendre, ce qui sauvegarde la lucidité de l'audience. Le recours excessif à l'affect pourrait brouiller la clairvoyance de l'auditoire.  

Il a fait preuve d'humilité, comme pour montrer que s'il voit loin c'est parce que le peuple a bien voulu le laisser lui monter sur les épaules. 

Nous allons finir par nous poser cette question: comment un chef politique pourrait-il cultiver l'arrogance alors qu'il n'est chef que par le soutien du peuple? Il dégringolerait si celui-ci lui retirait sa confiance.

Le paternalisme mal placé et la condescendance que certains leaders africains démontrent envers le peuple est une tare de la colonisation. En effet, le colon se nourrissait de nos richesses et nous faisait croire qu'ils nous fait l'infime privilège de se servir dans notre plat. C'est comme monter  sur les épaules de quelqu'un, et lui cracher dessus en lui faisant croire qu'il peut. Même l'Occident ne fonctionne plus ainsi avec ses propres contribuables.

Cette posture est obsolète. L' Afrique aspire à la rupture.

Malé  Fofana  PhD