Renaissance...




Dans le cadre de manifestations d'une rare violence au Sénégal pour protester contre l'instrumentalisation de la justice, des émeutes ont causé la destruction par le feu de biens inestimables, y compris, au sein de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, d'ouvrages, au sein de bibliothèques. Elles ont aussi, et surtout, occasionné des dizaines de morts parmi les jeunes manifestants.

 

Je me suis récemment fait dire que j'aurais progressivement dévié de ma voie (de) scientifique pour verser dans la partisanerie. Mes productions ne sont pas ouvertement scientifiques (dans la forme, le style et le fond) car j'ai choisi de faire de la vulgarisation; mais elles reposent systématiquement sur un raisonnement intellectuel. Pour qui sait discerner. Par ailleurs, je cherche humblement à suivre une trace laissée par Cheikh Anta qui semble nous enseigner que:

 "science sans engagement n'est qu'effort stérile".

 

Un peuple visionnaire

 

Le peuple Africain semble être en avance sur ses dirigeants. Au Sénégal, en tout cas, il les prend aux mots et leur renvoient, à la figure, la légèreté de leurs propos. Ce faisant, le peuple ne fait que les amener à renouer avec les garde-fous de la tradition orale.  Et il le fait au moment où les principes de la culture qui favorisent le respect de la parole sont bafoués. Il le fait au moment où notre spiritualité valorisant le choix et le poids des mots est oubliée.

 

Mépriser pour maitriser?

 

Le mépris et la condescendance que certains dirigeants africains ont envers le peuple, est-il un héritage colonial? Le Colon se gavait, et aujourd'hui encore, de nos richesses en nous faisant croire que le fait qu'il daigne plonger sa main dans notre gamelle était un honneur inouï qu'ils nous fai(sai)t. C'est comme monter sur les épaules de quelqu'un, et lui cracher dessus en lui faisant croire qu'il pleut.  Et nos dirigeants semblent ne pas remarquer que ces mêmes dirigeants occidentaux n'osent pas fonctionner de la sorte avec leurs propres électeurs. L’arrogance ne paie pas. Certains de nos dirigeants semblent aussi et surtout oublier que le peuple africain a changé. Bien révolu, ce temps où, pour maîtriser son peuple, il fallait le mépriser.

 

Une rupture radicale

 
 

Le peuple Sénégalais nous fait savoir qu'il y aura une rupture quoi qu'il arrive. Les politiques ne peuvent plus perpétrer leurs mauvaises habitudes. Ils devront présenter des garanties éthiques, scientifiques et intellectuelles dans la lignée, sans aucun doute, de celles offertes par des partis comme Pastef, ou même mieux encore. Pourquoi pas. Le peuple nous dit que pour occuper la meilleure place à ses yeux et dans son cœur, il faudra sauter plus que haut que son adversaire au lieu de tirer celui-ci vers le bas.  Dans le cas où un parti comme les Patriotes tient son pari, une fois au pouvoir, le peuple pourrait bien ne plus accepter de projets politiques en deçà de ce seuil.

Pour survivre, alors, toute entité politique qui aspire à diriger, s’il n’est corrompu jusqu’à la moelle, devra s’adapter, ou disparaitre.

 

Mais ce ne sera pas chose facile, que de réaliser de si hautes attentes vis à vis de la population, une fois au pouvoir.  Le wolof ne dit-il (qu'un vœu exaucé est un fardeau) : ñaan gu nangu coono borrom? Le chemin même pour accéder à la tête de l'état, est ardu. En effet l'élite dirigeante actuelle fera tout pour que le peuple ne goûte pas au fruit proposé par la nouvelle vague politique, car celui-ci risque de ne plus vouloir se passer de cette offre. 

Comme cette vieille brave femme d'un petit village qui avait habitué, de bonne foi, ses enfants à de la bouillie de mil sans sucre. Le jour où une journaliste passant quelques jours avec eux, voulut, au petit déjeuner, offrir aux enfants d'ajouter lait et sucre à leur nourriture, la vieille dame la supplia de ne pas leur faire réaliser que la bouillie de mil pût se manger sucrée et lactée. Car elle, même, n'avait aucun moyen de leur assurer cela.

 

L'élite présente, celle qui achète la liesse de la foule à coup de liasses, se battra toutes griffes dehors pour retarder l'échéance de sa déchéance. Mais elle partira. Et comme disait Cheikh Bara Ndiaye, notre présent président a le chic, à coup de chèques ou d’actes choc, de démasquer les frasques de ses courtisans. Ayant l'art, ou la tare, d'avilir l'image de ses valets, il ne partira pas avec ses seules valises. Il emmènera avec lui des personnalités politiques, religieuses, médiatiques, scientifiques, culturelles, traditionnelles, musicales et sportives. 

Et il nait, déjà, de nouveaux visages, toutes catégories confondues, de héros, qui ont eu le courage de sa battre, seul, contre Goliath.

 

Le peuple, ne suit plus les dirigeants d'un temps autre, au ton démodé, au teint reluisant, à la parole flageolante. Eux, les jeunes, quand ils disent mettre leur vie en jeu pour réaliser leur rêve. Il ne s'agit pas d'une métaphore. C'est exactement cela qu'ils veulent dire.

 

Male Fofana PhD

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