LE 17 DECEMBRE, JUST FOR US
Par la magie des images, just for a … second, imaginez.
Toute la diaspora, la grande famille sénégalaise
Réunie autour d’un feu sacré.
Il n’est, parole du Créateur, de faveur, pour un parent, plus délicieuse que le bonheur de voir ses enfants réunis, réussir et prospérer, sans s’écarter ni s’éloigner de la maison mère. Bien des gens diront que les enfants d’outre-mer sont les favoris de la grande dame. Il n’en est rien, car pour une mère, de la même manière que ses enfants malades seront ses amours jusqu’à ce qu’ils guérissent, et que ceux encore petits sont ses chouchous jusqu’à ce qu’ils grandissent, les enfants au loin partis seront ses préférés, jusqu’à ce qu’ils reviennent.
La diaspora, grand régulateur social, injecte, pour la dame-nation, l’équivalent d’un plan Marshall, chaque année que Dieu fait. Montant égal à la bouée de sauvetage engagée dans l’économie de l’Europe par les USA, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
La reine-mère appelle de tous ses vœux le retour de ses enfants. La doxa africaine nous apprend que, quand une mère a plusieurs enfants, il y en a bien sûr qui lui causeront des maux de tête ; mais il y en aura qui jureront de ne plus jamais voir ses larmes ; certains parmi eux seront allergiques à ses courbatures ; quelques-uns seront les garants de son sommeil, et d’autres, les boucliers de sa dignité ; et il y en aura qui seront les sentinelles de sa fierté. Les Sénégalais d’ici et ceux de la diaspora sont tous des fils et des filles de la Grande Dame. À chacun sa mission. Personne ne doit être écarté, comme un enfant illégitime.
Ceux d’ailleurs ne veulent plus pétrifier leurs richesses dans des immeubles à louer. Après avoir contribué à maintenir leur pays dans la stabilité, ils veulent maintenant investir dans le projet du futur. Au-delà de continuer à donner du poisson, ils veulent enseigner à pêcher, et cheminer avec leurs frères et sœurs d’ici. Ceux qui partirent au loin rêvent de venir, enfants prodiges. Ils veulent revenir, revenir autrement, revenir de toutes les manières possibles.
Ils ne veulent plus être les damnés de la nation, errant comme des âmes en peine, avec pour sort le châtiment des sœurs Danaïdes : remplir éternellement un tonneau de trous perforé. Entre deux mondes, écartelés, là où ils ne peuvent mourir en paix, ni vivre dans la plénitude.
Lā yamūtu fīhā wa-lā yaḥyā.
Pic’ angi ci kaw xel mi a nga ca suuf...
Sherbrooke, 17 décembre 2025
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