Die-hard spora

Il est souvent question du bilan matériel et immatériel d'un individu, en fin de mandat. Pour apprécier la place de la diaspora, aussi,  il sied d'établir une dichotomie. Ainsi est fait le monde. Wa min Kulli shayin xalaq naa vawjayni (de toutes choses, le Sublime fit une paire).

Réduire la diaspora à sa plus simple entité, c'est-à-dire physique, le nombre des émigrés,  n'est pas une perspective conséquente.  Il faut prendre en compte sa masse symbolique, qui est difficile à mesurer, car au-delà du nombre,  chaque émigré a un impact sur sa famille, ses amis, son quartier... C'est un arbre dont les racines et les ramifications peuvent être très étendues. Reen'u ñambi kenn xam'ul fu mu'y fël'ee….(personne ne sait jusqu'où pousse la racine de l'igname)

La diaspora est une force qu’aucune formation politique ne doit, ni ne peut ignorer. Alors il ne reste plus qu'à aller à sa rencontre!!

Seulement, ce n'est pas aussi simple. Aller à sa rencontre est comme s'aventurer en terrain inconnu. C'est un auditoire particulier. En argumentation, mieux on connait, son public, mieux, on peut le convaincre.

La diaspora est une dame particulièrement réfléchie. Elle ne jettera pas (physiquement) de pierres au prétendant qui vient l'aborder. En temps normal, elle n'insulte pas.  Elle est d'habitude une geisha bien éduquée.

La dame diaspora accorde encore une grande place aux pactes,  même si les actes et la personnalité du prétendant en sont les garanties de sa validité.  Quand un candidat vient parler à la diaspora, ce ne sont pas ses partisans uniquement qui viennent écouter. Ce sera électeurs, citoyens, patriotes de tout bord. 

Et ils poseront des questions. Sans complaisance, ils soumettront chaque candidat  à une interrogation.  Venir voir la diaspora, c'est comme faire face à un panel de redoutables journalistes. 

Il faut lui servir des paroles sensées, et cohérentes. Il n'y aura pas, de la part de la frange non acquise, de tam-tam pour assurer l'animation.

Il n'y aura acclamation qu'à la suite de propos pertinents.

Ces curieux oiseaux que sont les émigrés sont avares en compliments. Ils ne viendront pas avec des djembés, pour couvrir les silences embarrassants et les troublantes hésitations. 

Ceux de l'Extérieur ne veulent plus être les damnés de la Nation, errant comme âme en peine, avec comme sort, le châtiment des sœurs Danaïdes :  remplir éternellement un tonneau  perforé de trous. 

Malé Fofana, 21:34, 20 septembre 2023, Lignes militantes