Prière d'un petit enfant Africain, du Sénégal



"Seigneur, je suis très fatigué, je suis né fatigué", 

De ce monde qui donne le tournis;

Qui, comme une fourmi, ne cesse de bouillir et de grouiller.

Pourquoi n'arrêtent-ils pas...

de vaciller, de vriller, sans jamais briller?

Pour quoi, pour qui continuent-ils de comploter?

 ***

Dans ce monde, ainsi va-t-il, il y a :

Le groupe de ceux qui croient à un fait après mûre réflexion,

Le groupe de ceux qui croient à une réalité par manque ou absence d'analyse,

Le groupe de ceux qui pensent une chose, puis visent, disent le contraire.

De quel groupe suis-je?

Seigneur, puissiez-vous ne pas me laisser dans le troisième groupe. Celui de l'hypocrite.

Ce groupe-là qui dans la Faatiha est à l'origine d'Al Ghadab, Votre colère;

Ce groupe aux facettes si complexes, que pour nous aider à bien le distinguer, vous fallut-il tellement de mots, comme autant de couches de pinceaux, pour les dépeindre, dans la toile Baqarah, la Titanesque....si bien que l'impétueux Umar Ibn Khattab mit douze ans à la mémoriser. 

Oh oui. Ce groupe-là qui vous aurait, semble-t-il, courroucé au point que Vous omîtes de commencer la fougueuse Al Tauba par Bismillaahi Rahmaani Raheem ....

Mais, puis, ouf!, par Votre Grâce Inouïe, Amazing Grace, Vous nous mîmes, à deux reprises, cette belle formule de bienveillance, sous la plume de Souleymane, Le Roi-prophète, dans al-Naml, la Belle. 

***

Aidez-moi aussi à comprendre.

Ceux qui croient une chose par manque d'analyse ne sont-ils pas à blâmer?  Ils ne manquent pas de jugement, pourtant. Ils sont très pointilleux et perspicaces, pour leurs passions propres, comme Tu le rappelles dans la fresque des trépidants Coursiers...

Wa-al 'Aadiyaat!!

Que le premier et le deuxième groupe s'opposent de manière si radicale me fait peur. Ils ne sont plus dans l'interprétation, mais dans le déni, des nids sans fond. On ne peut même plus, parler de point de vue, car chacun prend les morceaux qu'il veut;

Certains rejettent des pièces parce que mélangées avec d'autres qui sont maculées de contre-vérités; 

D'autres ne veulent considérer certaines pièces que si la justice les valide.  Or la justice des hommes, hum,  est bien problématique. 

Mame Mawdo disait que, dans ce monde-ci, certains prétendent monter sur un cheval alors qu'ils sont sur un âne, d'autres déclarent être sur un chameau alors qu'ils sont sur un grand mulet. Dans la course, la poussière empêche de distinguer les montures. La vision ne sera claire qu'à la ligne d'arrivée, le jour de Ragnaroc, Yaum al qiyaam, quand les montagnes seront aplanies, et la poussière, de la course al takaathur!,  affaissée. 

***

Je sais que Vous ne manquerez pas à Votre promesse,

J’ai la certitude que Vous rétablirez immanquablement la Justice,

Mais je sais aussi que Vous ne ferez pas pour nous ce que nous pouvons faire (pour) nous-mêmes. Quand finirons-nous par vous croire que Vous dites ne changer un peuple que quand chacun de ses membres aura changé ce qu’il a dans le cœur?

Vous nous avez soufflé que, dans Votre souveraineté absolue, Vous n'interviendrez que quand, et comme, il Vous plaira: demain, après demain, ou bien des années plus tard. 

Ne nous avez-vous pas révélé, dans la sidérale Al maarij, qu'un jour auprès de Vous équivaut à cinquante mille ans, de nos misérables vies?

Donc attendre, les mains liées, une vie entière,

serait vivre l’enfer sur terre..

 ***

Alors protégez-moi.

Protégez-moi de la mère des vices,

Faites. Faites-moi donc don de la force de me battre,

De combattre ces simulacres

Et puissiez-vous, une éclatante victoire,

à nous, tous et toutes,

dhaahiran wa baatinan,

nous accorder. 

Ameen


Malé Fofana

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